Par les lèvres circoncises

Luc Diaz

Parler lèvres circoncises.

L’analyse freudienne : une circoncision des lèvres ?

Alors qu’il va bientôt “souhaiter” s’éteindre, exilé à Londres, délivré de l’illusion d’une hypothétique protection du Vatican, qui s’est finalement révélé n’être qu’un roseau flexible, Sigmund Freud publie, enfin, en fin, son L’homme Moïse et la religion monothéiste, après moultes tergiversations, nourries de ses nombreux doutes. S’il accepte enfin de déposséder un peuple, auquel il appartient, du plus grand de ses fils, c’est, il me semble, entre autres, pour offrir à l’humanité entière la circoncision des lèvres, celle de ce prépuce moïque qui boursouffle généralement tous nos discours.

L’analyse freudienne peut s’y dévoiler être une circoncision des lèvres, par les lois de la parole qu’a “écrites”, et que nous a transmises l’homme Moïse : le Décalogue. L’importance de l’écrit dans ce marquage, cette blessure, est d’ailleurs des plus prépondérantes. Seul l’écrit du nom, qui (ne) cesse (pas) de (ne pas) se dire, peut s’avancer dans le “vide” – “son” vide –, pour y soutenir le dire des paroles, qui (ne) cessent (pas) de (ne pas) s’écrire.

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